Plonger dans Été
Il y a quelques semaines de cela, en flânant dans le vaste rayon théâtre d'une librairie, j'attrape un petit livre, d'une soixantaine de page à peine qui se cache parmi les innombrables pièces que l'on a l'habitude de voir dans ces rayons. Mais celle-ci, je ne l'avais jamais vu. Je prend l'objet, le retourne l'ouvre, le feuillette et je l'achète. Parce qu'il était là, au beau milieu des titres vus et revus de l'édition théâtrale française et qu'il m'était inconnu. Aussi parce qu'il est écrit par Carole Thibaut, dont je n'avais jamais lu de pièce.
J'ai entamé la lecture de Été dès que je suis rentrée chez moi. Je n'ai pas été convaincue. Mais quelque chose m'a retenue de le ranger dans ma bibliothèque comme toutes les pièces qui n'y ont pas bougé depuis des mois. Quelque chose m'a poussé à le relire. A le relire encore au moins trois fois.
Été n'a pas été une révélation: au contraire, chaque lecture a amené un nouveau questionnement. De quoi l'autrice veut-elle nous parler? Je ne comprenais pas.
Et plus j'avançais, plus je comprenais que je ne voulais pas comprendre.
Je ne voulais pas entrer dans le quotidien de ce couple qui nous est présenté, je ne voulais pas prendre part à leurs vacances, je ne voulais pas être écrasée par la même chaleur qui les fatigue et je ne voulais pas être déplacée par les mêmes vagues d'une nouvelle relation plus limpide, plus simple.
Mais je sentais qu'il le fallait, que c'était le moment de se déplacer. Alors j'ai soumis ce texte à la Compagnie.
"L'écriture est intéressante..." "Je ne sens pas l'appel du plateau...". Ok. Mais relisons-le. Ce texte n'est pas frontal, ce texte se faufile à l'intérieur de nos têtes, pose des questions et repart. C'est à nous d'aller le chercher, c'est à nous de l'attraper.
Ok, on embarque. Non sans peurs, non sans appréhensions, parce que nous savons très bien que nous touchons à une nouvelle écriture, un nouveau jeu d'acteur/d'actrice, mais surtout à une nouvelle remise en question, et pas des moindres. Il s'agit d'une remise en question qui touche nos identités les plus stables, celles qui ont construit nos comportements de filles et de garçons, celles qui ont façonné nos relations.