L'été se dessine peu à peu
A travers l'histoire de Eté, c'est le thème des rôles genrés au sein du modèle familial que l'on aborde. C'est aussi un réflexion sur la « normalité » que l'on entame, une remise en question des comportements des personnages mais aussi de nos propres certitudes. En effet, qu'est-ce qui nous différencie de cette autre femme artiste qui s'est davantage concentrée sur la reconnaissance de ses pairs que sur ses propres aspirations? Cette course à la légitimation n'est-elle pas le mal de notre existence, que l'on soit jeune parent.e.s ou artiste confirmé.e ?
Malgré les vacances, le quotidien prend toute la place et s'impose par la répétition et la redondance, créant une véritable vacance chez chacun des personnages. C'est cette banalité, ces non-dit et ces gestes mécaniques qui forgent nos comportements qui nous intéressent ici.
Nous recherchons la respiration dans cette chaleur suffocante, la révolution intime et intérieure.
A travers ce travail scénique, nous souhaitons entamer une véritable recherche formelle qui permettrait la cohabitation de différentes disciplines artistiques dans notre création. Musique, lumière, vidéo, danse et théâtre seront conviés pour éveiller nos sens et déplacer nos regards dans cette pièce intimiste où se jouent des enjeux à la fois personnels et collectifs.
Jouée en live sur scène par une musicienne maniant à la fois le piano, le violon et les maracasses, la musique évoluera en rapport avec les comédien.ne.s et l'atmosphère de la pièce. Tour à tour enfant, cauchemar, souvenirs, éclaboussures d'eau de mer ou chaleur pesante, elle sera aussi polyvalente que notre scénographie. Dans un vague leitmotiv d'aller retour, la musique répète, ressasse et finit par évoluer dans une respiration vitale, accompagnant le voyage de chacun des personnages.
La vidéo tiendra rôle d'abstraction. Déplaçant les regards, zoomant sur les fragilités de chacun.e et révélant leurs craintes, apréhensions et fantasmes, elle soutiendra les personnages dans leurs dérives, leurs divagations.
La lumière sera un repère. Repère du temps qui passe, qui s'étire. Repère du lieu qui nous enferme ou qui nous libère aussi.
La danse sera l'expression de la corporéité du texte. Corps imparfait, corps modifié par la maternité, corps exposé, corps regardé sur la plage ou en photo, corps qui désire ou ne désire plus, corps qui supporte et subit la chaleur, la fatigue jusqu'à n'en plus pouvoir. C'est la chorégraphie de ces corps quotidiens que nous voulons mettre en avant. Mais c'est aussi le potentiel de la danse comme poétisation du réel que nous voulons explorer.
Dans ce frottement des disciplines, les comédien.ne.s travailleront à la retenue, à l'économie de la parole dans laquelle chaque mot compte, à l'économie des gestes qui sont tous révélateurs d'une intention.